Menu

mardi 3 septembre 2013

10 Blogueurs du monde à la Haye: Paix, justice internationale et nouveaux médias

©Photo : Jacky Manuputty @jmnuputty
Je n'ai jamais pensé qu'un jour j'écrirais un blog sur le Palais de la Paix, mais c'est aussi parce que je n'avais jamais pensé qu'un jour on m'ouvrirait les grandes portes de cette si importante institution internationale. Difficile d'imaginer il y a une dizaine d'années que les blogueurs hausseraient le niveau à un point où ces acteurs viendraient à intéresser la deuxième plus grande institution des nations unies.

La justice étant avant tout la condition première pour garantir la paix, mais elle est dans une moindre mesure le soubassement d'un modèle de gouvernance et de démocratie d'un état. Elle ne signifie pas vengeance, elle ne signifie pas non plus la protection du mensonge. Elle traduit selon moi, l'équilibre des rapports de forces pour le maintien de la paix. Une justice sans paix n'est que leurre d'une volonté machiavélique cachée car elle est le premier artisan de la paix qui est elle-même le premier chantier d'une cohésion sociale. Des tables rondes, panels, communications et discussions ont bien animé pendant 7 jours les activités marquantes la célébration de l'anniversaire des 100 ans du Palais de la Paix à la Haye.

Pendant une semaine, dix blogueurs venus du monde entier ont eu l'honneur et le privilège d'être les hôtes du Royaume des Pays- Bas par le biais de son ministère des Affaires étrangères. Dix blogueurs sélectionnés pour leur implication pour la défense des droits humains, pour leur engagement auprès de la population, pour leur pertinence dans l'analyse de la situation mondiale et aussi pour leur participation directement ou indirectement à la consolidation de la paix, de la justice dans leur pays par le biais des nouveaux médias.

Les Blogueurs :

1. Mr. Jacky Manuputty (Indonésie)
Twitter: @jmanuputty



2. Mr. Mohamed ElGohary (Egypte)
Twitter: @ircpresident





3. Mr. Jorge Tirzo (Mexique)
Twitter: @ztirzo




4. Mr. Cédric Kalonji (RDC)
Twitter: @congolese





5. Mr. Cheikh Fall (Sénégal)
Twitter: @cypher007



6. Mr. Imad Bazzi (Liban)
Twitter: @TrellaLB




7. Mr. Carlos Alberto Perez Benitez (Cuba)
Twitter: @chiringadecuba




8. Ms. Khadija Patel (Afrique du Sud)
Twitter: @khadijapatel




9. Mr. Victor Feshchenko (Russie)
Twitter: @feshchenko_v





10. Mr. Chris Borgen (USA)
Twitter: @opiniojuris


Palais de la Paix : Symbole mondial de la paix et de la justice internationale

Vue panoramique des bâtiments du Parlement au centre de la Haye ©Cypher007 
Je me suis laissé charmer par ce beau bâtiment construit par l'architecte français Louis Cordonnier en 1913 et implanté au centre de la belle ville de La Haye qui se trouve à quelques minutes d'Amsterdam la capitale du Royaume des Pays- Bas. La meilleure façon de comprendre le monde, c'est d'interroger l'histoire. À La Haye, ce sont des parties de l'histoire du monde qui se sont retrouvées pour donner aujourd'hui, à cette ville une dimension internationale. Traversée par des cours d'eau, offrant une végétation d'un beau tableau d'art et laissant accoster des bateaux sur ces terres, la ville de La Haye est depuis le XVIième siècle le berceau du droit international moderne. Aujourd'hui présent sur Twitter avec un compte officiel, le Palais de la Paix cherche encore à s'ouvrir davantage au monde.

Que devons-nous savoir sur le Palais de la Paix ?
  • Il a été construit en 1913 et inauguré à la veille de la Première Guerre mondiale.
  • Il a pour mission de soutenir et de promouvoir la paix et la justice internationale
  • Elle a abrité la plus ancienne organisation internationale avec la conférence de la Haye sur le droit international privé.
  • Il abrite les deux plus importantes cours de justice au monde : la Cour permanente d'arbitrage et la Cour Internationale de Justice. Cette dernière est le seul des 6 organes des Nations Unies en dehors de New York.

    • La Cour permanente d'arbitrage : Elle est l'arbitre qui tranche par le biais du droit pour la résolution des différends entre les États. Elle est composée d'une centaine d'états membres et serait aujourd'hui l'un des premiers recours des différents États pour la résolution de différends qui les opposent. Cette cour vieille de plus d'un siècle est aujourd'hui peu connue du public car traitant des cas bien particuliers et moins passionnants pour le public. En un siècle d'existence la CPA a statué sur une trentaine d'affaire. Les parties nomment les arbitres, s'accordent sur les procédures, choisissent les langues officielles et prennent en charge la totalité des frais. Les procédures de la CPA se déroulent à huis clos. La Cour Permanente d'arbitrage est présente sur Facebook.

    • La Cour Internationale de Justice : Elle est aujourd'hui l'une des plus grandes réussites des Nations unies. Forte de ces 15 juges élus pour un mandat de neuf ans par l'assemblée Générale et le Conseil de Sécurité des Nations unies, elle est l'organe par excellence des Nations unies qui a autorité de régler par le droit international, des différends d'ordre juridiques qui sont soumis par les États. Pour la CIJ les procédures sont fixées d'avance par le statut et le règlement de la Cour, les langues officielles sont le français et l'anglais, les procédures de la Cour sont publiques et sont retransmises vias UNRADIO (la radio online de l'ONU) et seraient diffusées en direct avant la fin de septembre 2013 sur UNTV (la télévision des Nations unies). Contrairement à la CPA, les frais de la CIJ sont entièrement pris en charge par l'ONU. La Cour Internationale de Justice est présente sur Facebook.

Au-delà du Palais de la Paix, nous ne pouvons pas parler de la ville de La Haye sans pour autant faire un arrêt à la Cour Pénale Internationale. Cette institution qui a été mise en place par le biais du Statut de Rome dont le Sénégal a eu l'honneur d'être le premier pays à ratifier. La Cour Pénale Internationale a le mérite aujourd'hui de poursuivre tous les hommes politiques dont les accusations portent sur les 4 types de crimes : le génocide, les crimes contre l'humanité, les crimes de guerre commis après le 1er juillet 2002, les crimes les plus graves qui touchent l'ensemble de la communauté internationale ainsi que les crimes d'agression une fois que les conditions requises pour l'exercice de la compétence à l'égard de ces derniers seront remplies.

J'ai eu le plaisir d'interpeller le Président de la CPI Monsieur Sang-Hyun Song à propos du cas Hussein Habré qui est actuellement jugé à Dakar par un tribunal spécial alors qu'il est poursuivi pour des crimes contre l'humanité, des génocides et crimes politiques. « Les compétences de la CPI ont commencé à partir de 2002 après la signature du statut de Rome et les poursuites contre l'ex-Président du Tchad Hussein Habré ont commencé bien avant 2002. C'est l'une des principales raisons qui font que la CPI ne peut pals intervenir dans ce cas spécifique de crime contre l'humanité et de génocide. Nous souhaitons une très bonne chance au Sénégal en espérant que ce procès se passe dans d'excellentes conditions respectant les règles du droit pénal international », répond le Président qui se réjouit de recevoir un Sénégalais parmi les 10 blogueurs ayant fait le déplacement à l'occasion des 100 ans du Palais de la Paix.

À la Cour Pénale Internationale où est actuellement jugé l'ancien président Ivoirien Laurent Gbagbo accusé des crimes pots électoraux. Il y est actuellement détenu avec 4 autres africains : pour la RDC, Thomas Lubanga Dyilo, Germain Katanga et Bosco Ntaganda. Pour la RCA, Jean-Pierre Bemba Gombo.

Bien qu'étant très institutionnelle, la Cour Pénale Internationale se vante aujourd'hui d'être parmi les premières institutions à rejoindre la plate-forme de microblogging Twitter. Vous pouvez suivre la CPI à partir de son compte officiel. La CPI a aussi un compte Flikr ainsi qu'une chaine Youtube. Une chaîne de WebTv permet aujourd'hui la diffusion en direct de l'ensemble des audiences. Cependant, une réflexion est en cours en interne sur une probable arrivée de la CPI sur Facebook.


Comment et pourquoi un groupe de blogueurs du monde à la Haye ?

©Photo: Cedric Kalondji @co

Quelle est la place des nouveaux médias dans la stratégie de paix et de justice internationale ? Comment les débats institutionnels pourraient-être déplacés dans les plate-formes de réseaux sociaux pour qu'ils soient plus accessibles au public ? Quel est le rôle du blogueur dans une situation de crise ? Le blogueur peut-il influencer un processus de paix ? Les réseaux sociaux peuvent-ils constituer des canaux pour rendre ou réclamer justice ? Quels peuvent être les apports des nouveaux médias dans l'équilibrage des rapports de forces ? Quelles seraient les meilleures formules pour faire des nouveaux médias des outils de promotion de la paix et de la justice ? Telles sont les différentes questions que nous nous sommes posés durant cette semaine de travail, de découvertes, d'échanges et d'information.

Madame Janet Anderson, Consultante en Justice Internationale à la Radio Netherlands Worldwide (RNW) m'a expliqué le choix porté sur les blogueurs et les attentes suite à cette semaine de découverte et d'échanges.


Les médias des masses, seuls véritables outils et médias démocratiques à disposition des populations ont déjà commencé à bouleverser l'ordre « Top - Down » établi et imposé depuis le XVIIe siècle par la presse traditionnelle. Les relations entre les politiques et les citoyens, les institutions et les populations ont complètement évolué.

Intervention du Président de la CIJ filmée et
téléchargée sur Youtube par les Blogueurs
Cette évolution des rapports s'est encore plus imposée surtout avec les changements particulièrement rapides des techniques de traitement et de production de l'information. En effet, l'éthique professionnelle des médias et du journalisme est mise à mal par le développement des contenus sur support numérique (blogs, forums, réseaux sociaux …) qui ont provoqué l'apparition d'informations peu fiables, qui s'affranchissent des normes déontologiques des journalistes professionnels. Cette parenthèse de Patrick-Yves Badillo nous montre à quel point ces informations diffusées sur les réseaux Sociaux constituent un flux diversifié et permanent. Vraies ou fausses, manipulées ou non, hiérarchisées ou non, elles sont répandues à une vitesse accélérée avec un nouveau média comme outil.

Ces outils sont devenus le lieu de prédilection de l'information instantanée et rapide, de l'information courte mais complète, de l'information simplifiée mais variée. C'est justement à cause de l'importance de ces nouveaux outils et de leur pertinence que certains hommes politiques et grandes institutions préfèrent y faire passer leur déclaration ou annonce.

Live Tweet et participation des internautes
via le Hashtag #Peace100

La mesure de l'efficacité de ces diffusions donne lieu à un suivi spécifique (mesure de l'audience : audimat, coût par contact ...). Au moment où certains groupes de pressions, certains mouvements de lutte, certains leaders utilisent ces outils pour défendre ou justifier la guerre ou des positions à l'encontre d'une politique de paix, il devient plus qu'une exigence pour les institutions internationales d'envahir ces réseaux pour y déplacer les débats politiques, juridiques autour de la paix et de la justice internationale pour qu'ils soient plus accessibles au public.


Le constat permet aujourd'hui de comprendre que l'information est passée de la radio, du papier, de la télévision pour devenir plus accessible en se déployant via un écran d'ordinateur ou via un téléphone mobile. Sa forme, tout comme son contenu ont évolué. Une nouvelle donne s'est indéniablement imposée. L'information devient surabondante et l'utilisateur se fait inonder de nouvelles en provenance de tous les coins du monde. La révolution du « direct » qui avait fini de bouleverser l'univers des médias s'est vite confrontée à la révolution de la spontanéité et de l'interactivité de l'information. D'un traitement long et détaillé, elle est passée à une diffusion atomisée synthétisée, rapide et multiforme en même temps. Désormais, il faudra compter sur Twitter et Facebook pour toutes stratégies de communication pour les petites marques jusqu'aux grandes institutions internationales.


Avec cette mouvance de la communication par les nouveaux médias, les grandes institutions avec un langage et un discours moins institutionnel, devront donner une part entière à internet pour être beaucoup plus proches du public et encore beaucoup plus accessibles. Il ne sert à rien pour ces institutions de créer des comptes dans les réseaux sociaux pour partager des articles ou tout simplement publier des PDF d'une trentaine de pages. Au-delà d'un simple compte officiel, il faut un réel management de communauté pour rendre cette présence beaucoup plus optimale. Connaître leur cible mais aussi savoir leur parler. Rendre les informations accessibles pour susciter des débats autour des sujets traités au sein des trois grandes Courts.  


©Photo : Jacky Manuputty @jmnuputty


Le Palais de la Paix : http://www.vredespaleis.nl/
La Cour Permanente d'Arbitrage : http://www.pca-cpa.org/
La Cour Internationale de Justice : http://www.icj-cij.org/

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire